« C’est quand le bonheur ? », par Jean-Marc Mézenge

« Ce soir, on vous met … ce soir on vous met le feu » – « Marseillais, Marseillais, Marseillais, … » – « On est les champions, on est les champions, … » –

Ces slogans et cris de joies, venant des tribunes du stade Vélodrome le soir du 5 mai 2010, viennent ponctuer  un match de football pas comme les autres, la 36ème journée du championnat de L1, décisif pour l’attribution du titre.

Quatre vingt dix minutes plus tôt, des Rennais au maillot plus noir que rouge s’équipaient de leur habit de lumière pour affronter un adversaire tout auréolé d’un titre de vainqueur de la coupe de la Ligue.

Sous une pluie aussi battante que les vingt deux acteurs, le début du match fut à l’avantage du « Stade », décomplexé dans le jeu mais surtout par l’enjeu paralysant,  transféré pour la circonstance sur les épaules Olympiennes.

Jérôme Leroy, vêtu de son costume de maestro-buteur-jongleur-animateur des offensives basées sur « des contres rondement menés »,  nous régalait de son talent, sa créativité et son sens collectif.

Gaby Heinze, l’argentin le mieux payé du football Français, ouvrit le score dès la quatrième minute de jeu en réalisant un splendide coup, pour une fois franc, en pleine lucarne sans que Douchez (lire Douché) le bien nommé ne puisse réussir l’exploit.

Sur un contre breton, Jimmy Briand, lui aussi le bien nommé, égalisa de la tête dans un silence de morts.

Ce 1 à 1 à la mi-temps ne faisait surtout pas l’affaire des hommes de Didier Deschamps qui devait prendre les  trois points pour accéder au panthéon des dieux vivants.

« Le suspense était à son comble, fan de chi choune ! »

La délivrance vint à la 76ème minute par le capitaine Mamadou Niang qui paracheva une bourrasque sans mistral, un élan  collectif sans concession, une détermination obsessionnelle sans déchets, déclenchés par Laurent Bonnart and Co.

L’antre explosa et vacilla dans une liesse de folie.

Deux minutes plus tard, Lucho Gonzalez, l’esthète argentin recruté pour 18 millions d’euros, fit admirer sa technique fine et son pied gauche précis pour parapher une victoire méritée avant de s’envoler vers un « pas de tango » qui fit chavirer de bonheur tout un peuple et toute une ville.

Dix huit ans après le dernier titre des Barthez, Amoros, Di Meco, Desailly, Deschamps, Boksic, Voller , François Oman Biyik (eh oui),  j’en passe et des meilleurs, Stéphane M’Bia et Guy Stéphan (adjoint de Deschamps), deux anciens stadistes, savouraient  la victoire sans se soucier de la souffrance de leurs adversaires valeureux.

Je vois déjà vos journaux titrer : Rennes sacre l’OM !

Alors me vient à l’esprit la célèbre chanson de Cali, chanteur-compositeur passionné de ballon rond : « c’est quand le bonheur ? » … pour le stade Rennais.

Jean-Marc Mézenge

Jean-Marc Mézenge est coach et formateur (One To One) et consultant football pour France Bleu Armorique. Il nous livre une chronique. Chaque mois, il s’exprimera ainsi dans les colonnes de Rennes Football.

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