« La coupe est pleine ! », par Jean-Marc Mézenge

L’équipe de France va disputer son premier match de coupe du monde 2010 contre l’Uruguay dans un désarroi populaire habituel. Avant même le début de la compétition et lors de son dernier match de préparation contre la Chine, Raymond Domenech, le sélectionneur national, fier comme Artaban, a battu, lui, le record du nombre de rencontres dirigées par ses soins avec, à la clef, « une défaite 1 à 0  sans conséquences ». Les plus superstitieux y verront là un signe des dieux du ballon rond qui veulent, sans doute à leur manière, manifester leur mécontentement face à ce paradoxe criard, ce caprice du destin, de l’histoire des tricolores qui donne de l’urticaire aux anciens de France 98 depuis maintenant 6 ans. Le monde du ballon rond n’en est, hélas,  pas à une injustice près.

Mais, est-ce vraiment de sa faute à tonton Raymond si son équipe montre des signes de déconvenue sur et hors du terrain ? Est-ce lui le coupable qui génère, chez les supporters les plus inconditionnels, une inquiétude légitime ? Non, parce que, lui, il maîtrise, ne doute pas et en plus, il sait !

Le compagnon de l’animatrice de « la nouvelle star, ça continue » sur M6 commence trop souvent ses rhétoriques  par – « on savait … » qui en langage du sélectionneur se traduit par « je savais » – pour que nous ayons un brin de suspicion sur ses certitudes ou ses intuitions. L’analyse est a posteriori mais elle est le fruit d’un don divinatoire, forcément hors du commun, car générée par ses actes souvent manqués.

« On savait que l’équipe allait monter en puissance lors de ses matchs de préparation pour arriver le jour J au summum ». « On savait … » que la France et sa maudite presse allaient polluer notre parcours en coupe jusqu’au 11 juillet en finale. « On savait … » que Titi était titulaire du banc depuis 1 an et qu’il allait accepter son statut comme un agneau. « On savait … » que Gallas était blessé avant Tignes mais qu’il allait tenir sa place, coûte que coûte, pour l’intérêt collectif et sans risques de rechute. « On savait … » que Rama Yade était la première supportrice des bleus dénonçant, au passage, au fil du vent et sur le dos de la crise, le côté « clinquant et  bling bling » de la logistique dont, elle, ne croque jamais, oh non, jamais. « On savait … » que le 4.3.3 concocté par Raymond était la solution et la révolution tactique annoncée pour rendre sa sélection irrésistible. « On savait …, on savait … on savait … ». Raymond, le devin divin, était à son affaire et rien ni personne n’allaient lui enlever sa dernière réplique sportive dans la plus belle représentation de son art ! Ce théâtre sud Africain est, certes, un poil exotique, mais il s’offre à lui comme un lieu grandiose pour fomenter son œuvre avec une apothéose digne des plus grands personnages de l’histoire du football moderne.

Moderne ! Bon sang mais c’est bien sûr. La voilà la raison pour laquelle Raymond a tout bon. On s’aperçoit que ce sélectionneur est in, fashion, sexy, people, politique et politiquement incorrect, provocateur, cynique, malin, facétieux, ami de Noël Legraët… « N’en jetez plus : la coupe est pleine ! ». Moi, je trouve ses convictions fragiles avec sa personnalité jusqu’au-boutiste. A moins que ce ne soit le contraire. Mais, vous le savez, je manque d’objectivité car j’ai toujours eu un faible pour les Raymond (*).

Et le foot dans tout ca ? Je regarde l’Espagne de Vincente Del Bosque en mettre 6 à la Pologne en match de préparation et je me régale.

Jean-Marc Mézenge

* Jean-Marc Mézenge est l’ancien adjoint de Raymond Kéruzoré et consultant sur France bleu Armorique.

2 réflexions sur « « La coupe est pleine ! », par Jean-Marc Mézenge »

  1. Savait-il ce qui allait se passer au sein de l’équipe de France ?
    Jugeait-il cela de « sa responsabilité » ?

  2. Bonjour Malou,
    Raymond Domenech sait ou savait (voir chronique ci-dessus) ! Comme d’habitude, il a expliqué à la commission d’enquête parlementaire que sa responsabilité n’était pas engagée. Responsable mais pas coupable ! On a déjà entendu cela quelque part, non ? Les politiques récupèrent toujours ce qui ne sent pas bon. A charge pour gagner des électeurs ou à décharge pour ne pas en perdre ! Ne dit-on pas « faute avouée à moitié pardonnée ? ». Cela aurait été plus classe de faire son Mea culpa comme à tous les niveaux du Foot Français (sélection, conseil fédéral, LFP, DTN, amateurs). Pour l’équipe de France, Il a mal choisi la liste des 23, il a essayé de faire jouer les joueurs ensemble, il a bâti une équipe qui n’en était pas une, il a investi des leaders négatifs pour pourrir le climat, il a perdu le fil de ses prérogatives, voir du pouvoir face à la mutinerie (le bus de la honte) mais ceux qui lui ont fait confiance (conseil fédéral) sont aussi « coupables » que lui. Alors, que le pouvoir et les responsabilités soient dilués ou concentrés, tous dans le même sac ! Mais, ce constat est facile car à posteriori et même, si mon point de vue avant le mondial, était annonciateur et présageait le pire, jamais je n’aurais imaginé ce cauchemar. « On se sent minable aux yeux du monde ! » : dixit Raynald Denoueix sur Canal. Je partage son impression. Par contre, je ne cautionne pas cet acharnement à vouloir, par démagogie ou pour le fun, « tuer », « humilier », « bannir » Pierre, Paul ou … Raymond. Je trouve cela « petit ». Construisons dans l’honneur et le pardon. Soyons humain, positif, constructif et visionnaire. Inventons les moyens de « gagner » demain comme l’Allemagne a su se remettre en question, il y a 10 ans. A bon entendeur, salut !

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