« Ça se Corse ! », par Jean-Marc Mézenge

Après Claude Papi, dieu défunt, « reposi in pace », Frédéric Antonetti, dieu vivant, « a forza di vinci », est le Corse le plus célèbre du football moderne. J’ai eu la chance de le vérifier lors de mes nombreux voyages à Bastia à l’époque où je goûtais, une semaine par mois, les délices de partager les us et coutumes locales avec un sacré client : « piopio* » pour les intimes.

J’aime la Corse, je respecte le peuple corse, leur mentalité, leurs valeurs, mais surtout leur(s) Histoire(s).

Napoléon Bonaparte est le plus célèbre des fils de Corse et partout sur l’Ile de Beauté, on vénère le conquérant. Frédéric Antonetti est, lui aussi à sa façon, un lauréat et doit s’atteler à positionner un club breton sans palmarès ni identité de jeu dans la conquête du football national et européen, si affinités, sans pour autant négliger le « business plan », bien sûr. Il a été choisi par MM. Pinault père et fils, pour venir épauler Pierre Dréossi, un bon soldat  issu de la même veine. Les maîtres du « Stade » sont convaincus de leur combat. Et avec des moyens  propres à la « Breizh Connexion », ils devront démontrer, dans un premier temps, que la « faim » justifie les moyens pour confirmer très prochainement qu’effectivement « la fin justifie les moyens ! ».

Malheureusement, l’empereur Antonetti se trompe de combat. Persuadé que le microcosme  rennais ou médiatique (critiques d’Olivier Rouyer ou d’autres journalistes, voire consultant champion du monde) veut sa peau, il menace « tous ceux qui disent du mal ou qui ne voient que le négatif au Stade Rennais ».

« Ils me trouveront sur leur route ! » précise- t il à l’égard des mécréants. Il pense sans doute que la révolution est en route et que sa compétence, sa méthode, sa connaissance, sa dynamique et ses capacités sont bafouées. Aussi, après une bataille européenne perdue en Ecosse et une intervention du Président Le Lay, qui a sans doute maladroitement fait des reproches à un moment inopportun, il fustige tour à tour, le public, qui encourage mal, le sélectionneur qui fait trop jouer M’Vila, les journalistes qui ne sont jamais contents, les arbitres qui sont malhonnêtes, les moyens du club qui sont limités, les jeunes, trop jeunes, les vieux trop vieux, et bientôt la galette-saucisse trop grasse.

Une fois, j’ai eu l’occasion de parler avec Frédéric Antonetti du métier. Je le sais honnête, passionné, compétent, sensible, loyal, humble et  je pourrais rajouter bien d’autres superlatifs positifs qui viendront équilibrer la balance remplie par  les nombreux qualificatifs émis par des détracteurs révolutionnaires.  « Encore un coup de Trafalgar », pense-t-il. Mais si j’ai un conseil à lui donner, si tant est qu’il l’accepte, c’est de ne pas  se tromper de combats et de cibles.  Il a bien d’autres batailles bien plus constructives et valorisantes (sur le jeu, par exemple) que de s’énerver sur des peccadilles.

Dans la complexité du monde moderne et du football, les ennemis perçus  ne sont pas forcément les pires et, quelques fois, des « amis » qui n’osent pas lui tenir tête dans une discussion constructive pour l’intérêt général sont pires que des « ennemis de circonstances». L’entêtement est la pire des certitudes et à vouloir ménager l’empereur, ils construisent  son « Waterloo ».

J’espère sincèrement retrouver Frédéric Antonetti sur ma route pour lui parler, de nouveau, du métier à Rennes, quand, il y a quelques années, j’ai pu exercer avec un autre entraineur. Les combats étaient déjà les mêmes.

L’histoire est souvent un éternel recommencement quand on persiste à ne pas tirer les leçons des batailles perdues.

*Sébastien Piocelle, joueur du Sporting Club de Bastia (2001-2005)

Jean-Marc Mézenge

Jean-Marc Mézenge est l’ancien adjoint de Raymond Kéruzoré et consultant sur France Bleu Armorique.

 

13 réflexions sur « « Ça se Corse ! », par Jean-Marc Mézenge »

  1. Etonnante chronique d’un ex dirigeant du Stade Rennais…
    Elle interpelle par son côté excessif et son manque d’objectivité assez criant.
    Reprenons point par point :

    A Glasgow, Rouyer et consorts ont fait des commentaires désobligeants sur le Stade Rennais ; traiter l’équipe de « honte du football français » est à la limite de la faute professionnelle. Mais tais-toi Antonetti ?

    Le Président déboule dans le vestiaire, à la fin du match, avec ses gros sabots et lâche une stupidité du style « on a pris une leçon de football ». Réflexion complètement inappropriée (j’étais au match). Mais tais-toi Antonetti ?

    Le public rennais se met en transes quand son équipe gagne, même si elle joue mal. Il la siffle quand elle ne gagne pas, même si elle essaie de jouer. Mais tais-toi Antonetti ?

    M’Vila est le joueur français qui a le plus grand nombre de matchs au compteur ; ses performances sont actuellement un peu moins bonnes, probablement par manque de temps de récupération. Le sélectionneur français laisse entendre qu’il va le faire jouer dans 2 matchs amicaux, sans enjeu. Mais tais-toi Antonetti ?

    Montpellier, l’an dernier, Sochaux, cette année, passent à la trappe en barrages pour l’Europa ligue ; les journalistes n’en font pas un fromage ; Rennes gagne 4 matchs de barrages, puis ne parvient pas à gagner en Europa ligue, malgré des matches intéressants et on traite l’équipe d’une « bande d’incapables ». Mais tais-toi Antonetti ?

    Tous les entraîneurs de France et Navarre font des bonds quand l’arbitrage leur semble litigieux (avec, dans le rôle, Rudy Garcia comme tête d’affiche incontestable. Mais tais-toi Antonetti ?

    L’an dernier, on enlève Gyan et Bangoura, le dernier jour du mercato. Cette année, on piste un buteur, que le club n’arrive pas à se payer. Mais tais-toi Antonetti ?

    Quant à la galette saucisse, il m’étonnerait fort que ça branche Antonetti. Je l’imagine plutôt devant une beurrée et une assiette de charcuterie corse.

  2. « Elle interpelle par son côté excessif et son manque d’objectivité assez criant ».

    Parce que tu crois vraiment que ton post est clairement objectif ?

    Concernant Bangoura et Gyan, Antonetti avait donné son accord pour ces départs, il l’avait d’ailleurs confié au 10 Sport en novembre 2010.

    Sur le cas Yann M’Vila, je ne pense pas que ce soient les matchs de l’équipe de France qui l’ont usé (27 matchs certes depuis le début de la saison). Mais était-ce opportun de le faire jouer lors des matchs retours contre Rustavi et Belgrade ?

    Un président a le droit de demander des explications à son entraîneur, surtout quand on la performance de Rennes au Celtic Park, antre dans laquelle nous sommes complètement passés à travers avec un état d’esprit défaillant. Maintenant, on peut critiquer la forme (directement dans les vestiaires), mais pas la forme. Un entraîneur est aussi jugé sur ses résultats.

    Concernant le billet de M. Mézenge, je rappelerai que lors de la première saison d’Antonetti à Rennes, il n’a cessé de pointer du doigt certaines « forces obscures » pour expliquer une saison en demi-teinte, émettant également que son prédécesseur perturbait son groupe. Bref, c’est un éternel recommencement comme le souligne M. Mézenge.

  3. sans en vouloir à qui que ce soit et pour une fois je suis d’accord avec M. Mézenge.

    Mais là où je ne suis pas d’accord c’est avec les excuses, toujours loufoques et inventives, de M. Antonetti. Le stade rennais ne joue pas mal que depuis cette saison l’an dernier déjà et bien avant l’hiver, je me rappelle du match à Toulouse gagné on ne sait comment, et de certains autres également gagné à l’arraché qui ont permis au club et à l’entraineur de cacher ces misères.

    Et puis j’ai surtout envi de rajouter ceci, si certain critique tant, c’est peut-être également qu’ils aiment ce club, je pense à Guyader, et d’autres de Ouest France, du télégramme et de TV Rennes notamment. Laissons les journaleux parisiens là où ils sont, car la meilleure façon de répondre à leurs critiques c’est justement de ne pas le faire.

  4. Je suis entièrement d’accord avec tonton46,
     » on a pris une leçon de football  » c’est déjà stupide en soi mais encore plus devant les joueurs.
    Antonetti avait donné son accord pour les départs de Gyan et Bangoura mais pas au dernier moment du mercato, il fallait avoir le temps de recruter derrière.

  5. Antonetti : « Tout a été fait en accord. On n’a pas eu de chance dans le timing. Les départs se sont faits un peu tard, c’est ce qui nous a compliqué la tâche. Il y a eu des offres qu’on ne pouvait pas refuser pour ces joueurs, et puis on s’est dit qu’il y avait des jeunes qui pouvaient suivre derrière ».

  6. « On n’a pas eu de chance dans le timing » c’est du politiquement correct, traduit en langage Le Lay, ça veut dire  » ils se sont démerdés comme des manches « 

  7. On peut revenir sur les « moyens limités »…
    Vrai que le Stade Rennais ne semble pas avoir de soucis financiers Merci à la famille Pinault.
    Mais cela en fait-il un club riche ? Certes non…
    Si on revient sur les ventes de Gyan et Bangoura. Qui est assez naïf pour penser qu’il n’y a pas eu pression de l’actionnaire majoritaire ? (Sur le plan purement sportif, ça a été une décision insensée). Le solde positif (petite perte sur l’un, gros excédent sur l’autre) a peut-être permis de consolider le compte d’exploitation et donc de dégager quelques dividendes (il faut se souvenir que le stade rennais est, depuis 1998, une société anonyme sportive professionnelle).
    Comment Antonetti pouvait-il s’opposer à une décision de gestion financière venant d’en haut ou simplement la critiquer.
    A Rennes comme ailleurs, l’actionnaire est tout puissant et fait ce qu’il veut… Il faut se rappeler du Président Cueff (l’un des meilleurs qu’on ait connu au club…). Ca a été «exit», quand l’actionnaire l’a voulu. Point barre.
    On est loin, à Rennes, d’avoir de gros moyens. La preuve est que le buteur tant attendu cet été, n’est jamais venu.
    Il ne s’agit pas de se plaindre et d’envier d’autres clubs plus argentés, simplement de comprendre les propos du coach quand il parle de « manque relatif de moyens ».
    Raisonnablement, on ne peut qu’être OK sur les principes de bonne gestion appliqués au Stade Rennais. C’est un gage de pérennité, et c’est énorme pour tous ceux qui sont attachés au club.
    Mais, il faut se souvenir qu’en haut de la pyramide, on a un actionnaire, pas un mécène…

  8. Le buteur tant attendu n’est pas arrivé tout simplement parce que l’on est resté buté sur des dossiers spécifiques sans les faire : Loïc Rémy et Mevlut Erding. Pinault père avait octroyé en décembre 2010 une enveloppe de 15 millions d’euros pour recruter l’actuel marseillais. On souffre plus d’un problème d’attractivité qu’autre chose : aucun joueur majeur ne souhaite venir à Rennes.

    Quoi qu’on en dise, Frédéric Antonetti est l’entraîneur qui a eu le plus de moyens à sa disposition sous l’ère Pierre Dréossi. Aujourd’hui, il dispose d’un effectif (que ce soit qualitativement et quantitativement) de premier plan, capable de lorgner les cinq premières places du championnat (comme celui de la saison 2009-2010), et qu’importe finalement de notre budget.

    Concernant le dossier Bangoura, c’est Antonetti lui même qui ne voulait plus du joueur, ne l’ayant jamais eu dans ses papiers (pas besoin de rappeler certaines joutes verbales à son égard). Pour Gyan, comment refuser une offre de 18 millions d’euros venant de la part d’un club anglais ? Il nous était à l’époque impossible de s’aligner sur les offres anglaises puisque l’international ghanéen multipliait son salaire par trois ou quatre.

    Aujourd’hui, Antonetti se cache (c’est le terme) derrière des excuses sans relever les vrais problèmes, sans remettre en question son travail ni l’état d’esprit défaillant (récurrent) de son groupe comme on a pu le voir au Celtic Park il y a deux semaines. Il ne cesse de se plaindre de la jeunesse de son effectif. Mais c’est bien la politique du club depuis quelques années donc, soit on y déroge, soit on fait profil bas et on meurt avec ses idées.

    Maintenant, il faut aussi lier la communication du club par rapport aux deux ans et demi d’Antonetti à Rennes. On nous avait promis un « changement de cap » ainsi qu’une « identité de jeu ». On ne voit rien de significatif depuis juin 2009. Ce n’est pas cibler qui que ce soit mais c’est un constat.

    Après, je suis le premier à penser que la politique de Pierre Dréossi est la bonne et qu’elle payera à moyen terme (suppression DIC…).

    Pourquoi reprocher à un actionnaire de dégager des dividendes ?

  9. Stop là…Ce n’est pas parceque je souligne que l’actionnaire prend (?) des dividendes que je le lui reproche. Vive la famille Pinault qui apporte au club la stabilité financière indispensable à son bon fonctionnement « d’entreprise sportive ».
    Je reviens au fond de la chronique de Mr Mezenge : elle donne clairement l’impression que, chaque jour, Antonetti devient un peu plus « tête de turc », celui par qui tous les malheurs s’abattent sur le Stade Rennais…
    Et on sait comment ça finit dans la plupart des cas : une bonne vieille crise qui fait régresser le club.
    Faut recadrer les contours de l’histoire : Celtic Park, une passe en retrait mal assurée de Féret suivie d’un loupé de Costil (premier but),
    loupé de Mangane (2ème but)…
    Alors que Rennes avait le match en mains…
    Et dans la foulée, le déchaînement médiatique, la chasse aux sorcières…
    Et bientôt la tête d’Antonetti sur le billot ?
    Tout cela me paraît bien excessif.
    Et comment ne pas comprendre que le Corse au sang chaud, au franc parler, aux fameux coups de gueule se défende et défende son groupe bec et ongles ?

  10. antonetti grandit a rennes comme ses joueurs .il est capable de nous emmener loin.il en a la force et la volonte . le reste c est du papier azouzou azouzou azouzou azouz…………..

  11. Un peu moins « fan » d’Antonetti depuis ce match contre Brest.
    Il a carrément disjoncté, notre Corse… S’en prendre ainsi à un de ses joueurs, avec autant de virulence et de mots dédaigneux, devant les caméras, le public, etc… : c’est zéro pointé.
    Ca se fait entre « quats yeux » Monsieur Antonetti, c’est le B-A BA du management des hommes.
    C’est la première fois que je le vois s’en prendre ainsi, publiquement, à un de ses joueurs. Je trouve cette perte de lucidité très inquiétante.
    Effectivement, ça pourrait se Corser !!!

  12. Comment ne pas être critique envers M Antonetti ?

    Les compositions d’équipe sont incompréhensibles depuis quelques matchs.
    Les matchs contre le Mans, Udinese ou l’Atletico ont montré une gestion des joueurs qui n’a abouti qu’à des matchs sans victoire.
    Il y a de la part du public rennais désormais une frustration, une incompréhension de ne pas jouer le jeu (l’équipe mise en place à Madrid est constitué de jeunes sans expérience alors que l’atletico va jouer à fond pour se qualifier premier et laisse sur le terrain sa star Falcao ; à Rennes, ni MVila, ni Féret, ni Pitroipa, ni Danzé, ni Hadji n’entrent comme titulaires (j’ai adoré l’entrée de Féret à la 87e minute !)

    M Antonetti trouve le public de la route de Lorient peu impliqué parfois…. Cela vient du fait de ne pas se sentir respecté. Que doivent penser les 200 supporters qui sont allés à Madrid voir une équipe B?

Les commentaires sont fermés.