Génération Sonny Anderson

C’est un peu comme une arlésienne, un peu comme un serpent de mer. C’est le rêve maudit des directeurs sportifs de France et de Navarre, et le souhait récurrent des supporters de clubs petits parmi les grands et grands parmi les petits, ces clubs auxquels ne manque que le petit coup de pouce du destin pour enfin passer ce cap de l’excellence.

Chaque été, chaque hiver, son nom revient avec insistance au détour de conversations de comptoirs ou d’experts, dans les coursives de la route de Lorient et parfois dans les plus hautes sphères du club. Et l’on se souvient du retour de Sylvain Wiltord, l’enfant prodige et prodigue. Celui en qui Pierre Dréossi pensait l’avoir enfin trouvé, ce fameux « Sonny Anderson rennais ».

Une référence bien sûr au recrutement de l’attaquant brésilien du FC Barcelone par L’Olympique Lyonnais. Pour près de 20 millions d’Euros, Jean Michel Aulas ne s’était pas simplement offert l’un des attaquants les plus élégants et talentueux du football européen, mais bel et bien ce facteur X autour duquel se créerait la machine à gagner lyonnaise : une star, un leader, un héros…

Mais chaque histoire est différente, chaque club suit sa propre évolution, et le recrutement d’un crack, qu’il soit futur, ancien ou présent n’est jamais chose aisée pour un club en croissance. A Rennes, les épisodes Wiltord et Bangoura sont encore douloureux. L’un comme l’autre étaient arrivés en grande pompe, l’ambition au beau fixe, trainant dans leur sillage les espoirs d’un public impatient, pressé de passer ce foutu palier qui nous fuit encore et encore.

Il faut croire que les rêves de toute une ville sont bien souvent trop lourds pour les épaules d’un seul homme, quels que soient son talent, son expérience et son aura. Et si Wiltord et Bangoura eurent maille à partir avec leurs entraineurs respectifs, ils n’ignoraient pas ces attentes placées en eux, et n’auront pas su porter leurs coéquipiers vers l’avant dans cette mission devenue presque sacrée du coté de Rennes : Le TOP 5, l’Europe, et, en termes aussi clairs qu’inavoués, le Graal d’une présence en Champions League.

Mais alors, me direz-vous : là où Wiltord a échoué, là où Bangoura s’est planté, là où notre fine équipe label 2006-2007 n’a pu que frôler le rêve du bout des doigts, quel joueur accessible à Rennes pourrait nous ouvrir les portes de ce paradis européen ? Comment la politique salariale rennaise peut-elle permettre cette ambition de succès ? D’où pourrait-il venir, notre Sonny Anderson ?

Eh bien, vous répondrais-je, qui a dit que notre Sonny à nous, ce détonateur qui nous manque tant, ne devait être qu’un joueur, un seul. Pourquoi ne serait-il pas un noyau de joueurs ? Ou mieux, un groupe dans son ensemble ? Chaque équipe a ses particularités propres après tout, et Rennes ne se lasse que rarement d’afficher les siennes.

Peut-être que le futur du Stade Rennais s’écrit autour une génération de joueurs, rassemblés autour d’un entraineur au projet clair et gravé dans le granit. Peut-être que cette étincelle qui fera grandir le Stade Rennais est une équipe stable, un projet dans lequel les joueurs sont prêts à s’investir. Un projet dans lequel les M’Vila et les Brahimi, les Mangane et les Danzé, les Tettey et les Kana-Biyik seraient prêts à s’investir pour une, deux, parfois plusieurs saisons supplémentaires.

Peut-être que, comme aime à le répéter Fréderic Antonetti, c’est cette stabilité qui fera de Rennes une grande équipe. On peut former de grands joueurs, les vendre et rester à jamais une bonne équipe qui ne fait pas de vagues. Mais on peut aussi espérer, avec une bonne gestion et les moyens adéquats, garder ces pépites un tout petit peu plus longtemps… et regarder le Stade Rennais grandir dans le sillage non pas d’un joueur mais d’une génération, sa « Génération Sonny Anderson » en quelque sorte.

8 réflexions sur « Génération Sonny Anderson »

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  2. Je compte plus sur une génération que sur des Anderson , Wiltord et cie…la politique du Stade Rennais de former des jeunes , de compléter leur formation en les prêtant à des équipes de 2ème division (voir pour Brahimi , Camara , Pajot…)me parait la meilleure solution!…reste le Pb de les garder dès qu’on obtient des résultats car avec le règne de l’argent , l’activité voire l’activisme de leurs Agents (qui se sucrent bien au passage) cela devient une mission de plus en plus difficile!!!…

  3. Mais cette génération Sonny Anderson est ce vraiment une idée novatrice?
    N’est ce pas la copie conforme du projet Outre Manche d’un certain Arsène Wenger?
    Un homme doté d’une noblesse footballistique rare et qui s’entête en vain depuis des années à construire SA génération Sonny Anderson. Certes faire partie du Big Four anglais depuis si longtemps n’est pas à la portée de tout le monde, mais ses résultats comparés à ses moyens sont considérés, je n’en doute pas, ailleurs comme un échec.
    Alors évidemment il a, lui aussi, cherché à plusieurs reprises à trouver son Sonny Anderson faisant même revenir Sol Campbell du fin fond de l’Angleterre…
    J’admire la philosophie de jeu d’Arsenal, mais d’ici 1 voire 2 ans je ne serais pas surpris que Monsieur Wenger soit évincé de sa fonction faute de résultat et que le foot business reprenne le dessus à Arsenal.
    Pour en revenir à nos Galettes Saucisses, afin de construire un tel projet il faut à Rennes des garanties de fidélité de la part de ses joueurs. Je pense qu’au lieu de rechercher un nouveau Sonny Anderson il faut reprendre ce que Monsieur Dréossi avait voulu faire d’Etienne Didot et se baser sur cet aimant pour construire alors une génération Sonny Anderson, tout en conservant des leaders, ce qu’il semble manquer au Stade (Douchez en partance est considéré comme le leader du vestiaire, drôle de paradoxe non?).
    Ce ne serait donc pas un Sonny Anderson qu’il faudrait à Rennes (dont la nationalité fait encore frémir Monsieur Pinault) mais plus un Paolo Maldini, un leader qui rassemblerait notre génération Sonny Anderson.
    A méditer.

  4. je ne peux pas laisser cette amalgamme se faire, bangoura ne s’est pas planté en venant au stade rennais, il a plutôt été recruté pour un poste qui n’est pas le sien. On ne peut pas faire d’avant centres de formation (ou de conviction) que des ailiers. Les seuls matchs que bangoura ait pu réussir sont ceux pendant lesquels il était placé ou replacé au poste d’avant centre d’ailleurs le même problème c’est posé avec Moussa Sow. Je le répète Bangoura n’est pas venu se casser les dents au stade rennais, pour moi il n’a pas échoué ici et il aurait sans doute pu rebondir cette saison quand on voit les carences offensives.

  5. M’Vila et Brahimi seront durs à garder à moyen terme, mais s’ils sont encore là pour la saison 2011/2012, ce sera un beau petit exploit.
    Par contre, et même s’ils n’ont qu’un niveau moyen de L1, il semble opportun de s’appuyer sur deux joueurs « du cru » , ce qui n’a pu être fait avec Didot : Danzé et Lemoine. Ils sont aujourd’hui garants de l’identité du club, et peuvent à eux deux assurer une certaine continuité.

  6. Bon, je vais quand même prendre le temps de répondre a quelques-unes des réactions, c’est la moindre des choses 🙂 …

    asamoah76:

    Utopique? Pas tant que ça. Je ne parle pas ici de faire signer M’Vila et Brahimi a vie, de garder Mangane cinq ans ou Douchez jusqu’au terme de sa carrière. Juste de garder nos joueurs une, deux, quelques saisons de plus. M’Vila une saison de plus, Brahimi deux saisons de plus, ça ferait trois ans au club pour chacun d’entre eux, pareil pour d’autres jeunes ou moins jeunes, et pourquoi pas un peu plus si les résultats pouvaient le permettre. Egalement, garder nos bons joueurs parfois 4, 5 saisons. Garder des Danze, des Lemoine pour en faire des tauliers de l’équipe sur le long long terme… Et finalement, même avec des revalorisations progressives, ce genre de politique couterait beaucoup beaucoup moins que le recrutement d’une méga-star, pour des résultats potentiellement supérieurs ou égaux…

    Math34:

    Novatrice je ne pense pas, et le projet d’Arsène Wenger, s’il se base sur des fondations largement plus solides que les nôtres (à tous les niveaux), n’est pas non plus un précurseur dans le genre. Il y a des générations comme celle-ci régulièrement dans le football, Nantes en France et l’Ajax en Europe dans les années 90 en sont deux bons exemples, et même le Barca d’aujourd’hui qui s’est reconstruit en partant d’une période de vaches maigres et d’une confiance au centre de formation (le Barca et l’Ajax ayant l’avantage d’être le ou un des deux clubs phares de leur nation respective, contrairement à Rennes, Nantes ou Arsenal).J’aime bien aussi l’idée d’un ou deux Paolos pour encadrer notre génération de Sonnies 😉

    daminou:

    Attention, je ne dis pas que Bangoura s’est plante ou se soit véritablement casse les dents en tant que joueur au stade rennais. Ce que je dis c’est que lui, comme Wiltord, n’ont pas été en mesure, capables ou à même d’assurer le rôle de leader que l’on espérait les voir embrasser. Bangoura était un gros investissement avec un énorme salaire, et les attentes placées en lui étaient logiquement proportionnelles à ce statut. Questions de circonstances, de tactique, de terrain ou d’attitude, ce fut un pari rate dans cette optique, malgré toutes les qualités du joueur.

  7. Anderson est l’exemple idéal. Un cap a quand même été passé. N’oublions pas que Lyon avait été 2è en 95 par exemple, mais stagnait. Il leur manquait un truc pour passer à la vitesse supérieure.

    Tu peux nous donner un exemple contraire, d’un club ayant été champion par hasard ? Auxerre en 96 et Lens en 98 avait quand même de sacrés leaders dans l’équipe (Metz aussi en 98) !

    Il y a un moment où un leader techniques (voire 2 ou 3) fiables humainement tirent l’équipe vers le haut.

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