« ¡La Roja como siempre! », par Jean-Marc Mézenge

« Le football est un sport collectif qui se joue à 11 contre 11 et, en ce moment, comme toujours, c’est l’Espagne qui gagne ! ».

Cet adage de circonstance est un raccourci d’un Championnat d’Europe des Nations qui aura été « una alegría incommensurable » pour tout un peuple qui souffre au quotidien d’un contexte économique ibérique de survie.  Avec fierté et courage, le peuple espagnol supporte, jusque dans ses entrailles,  la crise mais aussi  « la Roja ». Il puise ses forces et ses valeurs dans un trésor de vertus cultivé sur la terre de 50 provinces dont les origines identitaires sont riches de la pluralité de ses racines. On devine alors, à travers son équipe de football,  l’essence même du concept de « l’auberge espagnole ». « La Roja » est une institution respectée de tous où chaque joueur, chaque membre de « la familla »,  y apporte sa propre nourriture culturelle (catalane, basque, insulaire, …), sa sensibilité spirituelle (âme, finesse, intelligence, vivacité d’esprit) et sa culture footballistique (un même langage basé sur le mouvement perpétuel, une discipline tactique, une rigueur morale, une adaptabilité technico-tactique) pour un mets qui se déguste sans modération. La notion d’intérêt, individuel ou collectif, est relayée au second plan pour laisser place à ce projet d’appartenance, ce chef d’œuvre du jeu de « fútbol ». « El movimiento de los enanos locos*»  conforte ceux qui, comme moi,  pense que la maîtrise technique et l’intelligence peuvent se passer du meilleur avant-centre du pays (Torres ou Llorente). « El porrón », ce broc typique, rempli de « vino tinto » ou d’élixir de jouvence dont les extraits d’émotions vous font chavirer vers ce bonheur diffus généré par ce football collectif, efficace et tellement jouissif.

Tout un peuple, meurtri par la conjoncture et les séquelles du post-franquisme, fédéré derrière sa sélection hurle sa victoire : « el pueblo, unido, jamás será vincido … y la Roja tan poco ** ! »

Trois titres majeurs d’affilé pour la « selección española » : deux championnats d’Europe entrecoupés d’une coupe d’une monde mais surtout une suprématie mondiale dans le jeu qui ne souffre d’aucune contestation. Cette compétition couronna une équipe d’exception. Ce fut également un succès populaire  inespéré : des stades magnifiques, un public multi-ethnique et fusionnel, des équipes offensives, des comportements fairplay (sauf la France), des révélations, des confirmations mais surtout des valeurs collectives symbolisées par « la Roja » composée de « joueurs normaux » qui ont donné le tournis à des italiens terrassés par le mouvement perpétuel. Jamais, en finale, une équipe n’avait démontré sa supériorité collective avec tant de valeurs entretenues dans une Liga, certes endettée, certes suspicieuse sur la posologie de la sangria locale, mais qu’aucune contestation concernant la modernité de son jeu ne viendra ternir la sacralisation. La tornade rouge dévasta la forteresse Italienne malgré ses progrès dans la philosophie de son jeu.

C’est sans doute ce sang basque espagnol qui coule dans mes veines pour se mélanger à mes origines normandes qui vous donne l’impression que ce « billet » manque d’objectivité. Et vous avez raison !

C’est comme pour « le Stade ». Rennais de naissance, j’ai envie de croire au retour du Président De Saint Sernin adoubé par l’intronisation de Jacques Delanoë, expert en communication, missionné pour donner au club un ancrage culturel et identitaire fort.

On peut alors  se poser la question si ce pouvoir bicéphale trouvera sa place et sa légitimité dans une organisation « installée et lisible ». Le pouvoir financier (MM. Pinault), l’exécutif (Pierre Dréossi) et le sportif (Frédéric Antonetti) sont les rouages décisionnels du club depuis des années. Mais comme pour le dossier du centre de formation, les habitudes sont faites pour être changées et pour construire, pourquoi pas, « la Roja y Negra » de demain.


Jean-Marc Mézenge
Jean-Marc Mézenge est l’ancien adjoint de Raymond Kéruzoré et consultant sur France Bleu Armorique.

 

* « le mouvement des nains fous »

**  « le peuple, uni, jamais ne sera vaincu … La Roja non plus ! »

2 réflexions sur « « ¡La Roja como siempre! », par Jean-Marc Mézenge »

  1. Comme souvent, les challengers prennent le leader comme modèle… Et se disent qu’ils vont le copier pour devenir aussi bon voire meilleur que le leader actuel…

    Et la réalité montre que le leader de demain sera différent de celui d’aujourd’hui…

    Alors Jean-Marc, pourquoi avoir envie que le centre de formation de Rennes deviennent « la Roja y Negra » de demain.

    Que le Centre de formation évolue, fasse sa révolution, pourquoi pas, mais surtout ne copions le leader d’aujourd’hui, … c’est la meilleure méthode pour devenir le challenger de demain…L’éternel …

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