Voilà, nous y sommes dans cette dernière ligne droite… Plus que 9 matchs pour atteindre l’objectif que le Stade Rennais FC s’est fixé : « être sur le podium !». La fameuse ligne droite, celle qui permet de « lâcher les chevaux pour rentrer à l’écurie » ou celle de «Longchamp » qui n’a rien à voir avec ce quartier de Rennes pour définir l’écart entre les trois premiers du championnat de L1.
Frédéric Antonetti a repris la théorie de cette « ligne droite » pour stigmatiser et critiquer l’attitude du public Rennais qui s’est mis à siffler – ses « héros » (lisez « c’est zéro ! »)- lors du match Rennes-Auxerre devant la gestion un peu trop patiente des séquences de jeu, savamment préparées pour assiéger une forteresse « AJAiste » digne des plus belles heures de Guy ROUX. Ce fut une leçon de « bon sens et d’expertise » érigée à l’encontre de ceux qui pensent, qu’en football comme dans la vie, la ligne droite est toujours, certes, le chemin le plus court mais pas souvent le plus efficace. Par exemple, le « Droit au but ! », comme on aime à l’entendre et à le pratiquer du côté de l’OM, alimente depuis toujours la culture de faire plier l’adversaire par cette adage qui parfois frise des convictions de jeu simplistes, mais qui ont le mérite d’enflammer le jeu et les acteurs. Cette vérité à utiliser avec parcimonie n’a, hélas, point de faveur auprès de l’entraineur Corse du Stade qui par ailleurs est annoncé du côté de la Cannebière. Hélas, oui, car il y a des matchs qui se gagnent aux forceps et quelquefois en insistant sur les faiblesses de l’adversaire et non sur la maitrise de ses propres forces, qui, ce soir la, semblaient trop épisodiques et émoussées. C’est facile à dire mais pas facile à faire car quand on est sur le terrain, « c’est au pied du mur qu’on voit mieux le mur ! ».
Certains supporters ne comprennent rien à ce reflexe rennais de revenir trop souvent dans son propre camp pour « mieux créer l’espace devant » face à la muraille auxerroise et préparer encore et toujours une action finale avortée par ce manque de rythme, de tempo collectif, de subtilité technique ou de prises de risques individuelles. A posteriori, des explications fusent après ce « mauvais nul » : les absences des « créateurs-accélérateurs » de jeu (Brahimi et Marveaux) dont le mimétisme en matière de rechute de blessures frise le questionnement, le manque de jambes de Jérôme Leroy après une trêve internationale ajoutée à ses quelques minutes de temps de jeu mensuel, la suspension de Montano, victime d’un délit d’attaquant vengeur et pas masqué, les malheurs de Kembo, la bronchite de Théo, le dos d’Abdoul , et l’intégration du jeune Néerlandais, John Veroek, qui devra vite apprendre le langage footballistique « multiethnique » de la maison rennaise.
Le public, lui, manque, sans doute, de culture footballistique de très haut niveau et le coach corse aime à rappeler que, même lui, titulaire du plus haut diplôme d’entraineur Français, a revu sa copie en bafouant « la ligne droite » (voire rigide) de la Direction Technique Nationale prônant le « jeu vers l’avant après la récupération du ballon » en observant la Liga espagnole et le jeu du Barca. Alors vous imaginez la nécessité de la remise en cause douloureuse du quidam « totalement ignorant » en matière d’expertise technico-tactique et qui essaie de comprendre les mystères de la réussite mais surtout de la contre-performance. Il y a de l’espoir dans la communion d’une même philosophie et c’est peut-être dans un rapprochement mutuel entre le public et son équipe que les idées de l’entraîneur devront être précisées dans une charte de bonne conduite et de respect mutuel.
Enfin, pour faire un bon match, il faut deux bonnes équipes avec des intentions de se livrer et j’ajouterai, un bon arbitre. Pour une fois, on n’a pas été déçu par le brio d’un arbitrage à LANNOY (Stéphane de son prénom) qui a, lui, mérité son rang d’international. Ce fut le seul à se hisser à son véritable niveau, tant ce match fut antinomique par rapport à ce Rennes-Lens adoubé, tant loué par mes soins qu’on m’affubla, pour une fois, de supporter alors que je ne considère pas ce statut comme une insulte.
Pour garantir des résultats et atteindre les objectifs d’un club ambitieux, le monde du football aime à dire qu’il faut qu’un Président préside, qu’un entraineur entraine, que les joueurs jouent le jeu jusqu’au bout, que le public encourage dans les bons et les mauvais moments et qu’il ne siffle pas quand « on n’y arrive pas ». Quant à la presse, victime de son pouvoir et souvent accusée, à tort ou à raison, de tous les maux, elle devra être vigilante pour garder sa liberté d’expression tout en respectant les acteurs et les enjeux. Chacun doit s’inspirer de cette droiture de ligne de conduite pour que la dernière ligne droite des « Rouge et Noir » ressemble, enfin, à un dessein « rondement mené ».
Jean-Marc Mézenge
Jean-Marc Mézenge est l’ancien adjoint de Raymond Kéruzoré et consultant sur France bleu Armorique.
quand on comprendra que le système actuel n’est pas le bon pour avancer dans le bon sens, c’est à dire gagner face aux petites équipes, on aura fait un grand pas. Hé après 29 journée cette critique n’est toujours pas faite.