Éternels espoirs

Le Stade Rennais incitait ses supporters à ne pas envahir la pelouse en cas de victoire. La mise en garde aura sonné dans le vide. Aux alentours de 23 heures, ce sont plusieurs milliers de Rennais qui ont foulé l’herbe humide d’un stade en fusion. Récit d’une soirée inoubliable.

Tifo rennais contre Angers

20h55, stade de la route de Lorient. En ligne de mire, le Stade de France. Les joueurs entrent. Le tifo du RCK se déploie. Frissons garantis.

Rennes avait rendez-vous avec son histoire. Et pourtant on tremblait depuis le tirage. « Une ligue 2, on va encore sortir », pouvait-t-on lire sur les réseaux sociaux. Angers. Une formalité pour n’importe quel club. Un cauchemar pour un Rennais. Remember Quevilly 2012. Remember Guingamp 2009. Ici, au cœur de la Bretagne on est vacciné depuis longtemps. Une étiquette de losers nous colle à la peau. 43 ans sans trophées. Sept fois dans le dernier carré de coupe. Deux finales perdues. En une décennie on reste intouchable dans le « loser-game ». Et pourtant l’Hermine rêve toujours.

Galette-saucisse et bière. Le repas sain.

Alors lorsqu’on arrive aux abords du stade trois heures avant le coup d’envoi direction Le Valy histoire de se détendre un peu. Un toit, un stand, deux urinoirs au fond d’une cour bondée et des litres de bière. Bienvenue dans le fief des « rouge et noir ». En face du stade, de l’autre côté de la route, nous sommes plusieurs centaines. La bière est notre péché mignon. La galette-saucisse notre religion. L’avant match parfait. La galette dans la main gauche, la pinte (déjà vide) dans la droite, on parle football sans prise de tête. « On en reprend une ? », glisse Pietro entre deux : « cette année c’est la bonne ! ». À une demi-heure du coup d’envoi, le ventre plein, on se décide enfin à rentrer. L’odeur des grillades nous guide jusqu’à la porte 4. Le Rennais est devenu superstitieux. Un petit baiser sur le billet et c’est parti. Tribune Mordelles nous voilà. Ce soir tu es bouillante.

« Redonnez espoir au peuple rouge et noir »

20h55. Les joueurs rentrent. La tribune enfile alors sa plus belle robe de soirée. Un magnifique tifo déployé par le Roazhon Celtic Kop. Le rendu est magnifique. Le message clair : « Redonnez espoir au peuple rouge et noir ». Le capo, torse-nu, peut aller au front. Ses guerriers sont prêts à le suivre 90 minutes et plus. D’évidence ceux qui le sont moins, ce sont les joueurs. Deux minutes à peine et Yattara casse la cage d’une frappe à l’entrée de la surface. 1-0 Angers. Coup de froid. « Mais putin c’est pas vrai ! », lâche Émilie à bout. Le visage enfoui dans mon écharpe je me refais le film. L’histoire se répète. Et puis le stade va chavirer. Trois fois. Yoann, membre actif du RCK, me calme pourtant : « Ce n’est pas fait ! On est Rennes. Faut pas l’oublier » sourit-t-il.

Pique-nique sur l’herbe

Bientôt la fin du match. Un stadier tous les deux mètres. Du jamais vu. En tribune les mecs montent au grillage. Le coup de sifflet retentit. La bronca descend des travées, ça se bouscule. Les fumigènes accompagnent l’ivresse de la qualif’. Je cours en sautant de siège en siège. Arrivé au grillage je lève la tête, les hommes jaunes ont laissé place à une vague rouge et noire. Kokoche, le capo, nous tient le grillage ouvert : « Allez-y les mecs, savourez ! », lâche-t-il à notre passage. Après une claque dans le dos et un « t’as été énorme ce soir » en guise de réponse, je me précipite dans la marée humaine. Certains courent, d’autres filment. Ici un selfie, là un pique-nique improvisé. La communion est totale. On verra le Stade de France. Une troisième fois. Pour enfin décrocher un trophée et mettre fin à des années de souffrance depuis cette finale perdue contre Guingamp. Mais pour ça Rennes devra vaincre son pire cauchemar : Guingamp.

JS. Dusser
@JS_DUSSER

2 réflexions sur « Éternels espoirs »

  1. Avoir une áme ou pas. Ce sera l’heure du jugement dernier pour notre club qui erre depuis quarante trois ans.

  2. Surtout ne pas se démoraliser
    Cette-fois-ci nous allons gagné
    Cette COUPE DE FRANCE viendra à RENNES
    Vous verrez bien j’en suis certain
    Oublier ROMORANTIN et QUEVILLY
    Oublier GUINGAMP aussi
    Elle est pour RENNES
    Et restera sur les bords de la VILAINE
    Tout près des galettes-saucisses
    OUI OUI ET OUI LA COUPE ELLE EST ICI
    Allez trois à un
    Ce serait très bien
    Avec tout le respect aux GUINGAMPAIS que nous aimons bien
    Et surtout qu’ils assurent leur maintient

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