Comme 82 millions d’allemands réunifiés depuis la chute du mur de la honte, ce cri du fond du cœur, vestige des rudiments de ma culture germanique, est venu ponctuer chaque prestation de la « Nationalmannschaft » durant tout ce mondial 2010.
Le monde du football a pu apprécier une équipe exceptionnelle qui a éliminé, de façon spectaculaire, des Anglais (4-1) en 8ème de finale, des Argentins, certes diabolisés par «el diez», mais aussi laminés en quart de finale (4-0). Par contre, en demi-finale, contre l’Espagne championne d’Europe en 2008 qui s’était déjà imposée face à la «Mannschat» de Mickaël Ballack (1 à 0 : but de Torrès), cette équipe Allemande a séduit par la richesse de ses espoirs (au sens propre et figuré). Les ibériques ont su mettre sous l’éteignoir cette captivante machine « made in Germany » qui s’enrailla pourtant, subissant trop le jeu d’inspiration Catalane. Par un manque de fraicheur mais aussi par l’absence du prodige Thomas Müller, la « Mannschaft » finit par concéder un but sur coup de pied arrêté, point faible pourtant des espagnols. Encore un score étriqué (1 à 0 : but de Pujol) mais Dieu que cela a fait du bien aux amoureux du « beau jeu », même si je ne suis pas sûr que le bienfaiteur y soit pour quelque chose.
Cette finale avant la lettre, certes un peu décevante, a toute même confirmé qu’une révolution culturelle footballistique est née d’une formidable remise en cause, juste avant cet Euro perdu de 2008. Que dire alors de cette « petite finale » pour la troisième place qui émerveilla une dernière fois « le mendiant du beau jeu collectif» que je suis. Ce fut la cerise sur le « Mohnkuchen » (gâteau au pavot). L’uruguayen Diego Forlan restera, pour moi, le meilleur joueur de cette compétition mais les Özil, Schweinsteiger, Podolski ou Müller, encadrés par les anciens Klose ou Lahm, ont tout simplement pratiqué, en équipiers modèles, le football le plus moderne. Entre rigueur, héritage génétique d’outre-Rhin, et créativité transmise par une palette de talents multiethniques – symbole de la nouvelle vague qui puise ses inspirations dans un vivier d’origine étrangère – le jeu pratiqué par le sélectionneur germanique, Joachim Löw, aux allures du «Kaiser Franz», a dégagé une souplesse tactique pour juxtaposer des intérêts individuels afin d’aboutir à un collectif équilibré, efficace et presque sans failles (2 défaites sur 7 matchs joués : Serbie, 0 -1, 2ème match de poule et l’Espagne, en demi-finale). Mais c’est cette « Roja-là », équipe expérimentée, rodée, en confiance avec une technique collective de conservation du ballon insolente, portée par un destin planétaire, qui a été sacrée «Campeón Del Mundo» face aux « Oranjes » amères des Pays-Bas dans une logique sportive où « le beau jeu collectif a pour une fois payé », même si l’arbitre Anglais Howard Webb, dépassé par l’évènement, a failli tout gâcher. L’Allemagne, sur le podium, a été forte, plaisante, sûre d’elle, imposant le respect et, par moment, l’admiration mais elle est, surtout aujourd’hui, un modèle pour tous et, peut- être aussi, une voie à suivre pour notre football national.
Pendant ce temps, notre révolution culturelle Française fédérale a commencé par un « blanc-seing » pour le saint Laurent Blanc. Puis après le hara kiri collectif du « mondial de la honte » qui a fait pleurer la France entière, la chasse aux sorcières a été orchestrée par une commission parlementaire qui parlemente, mais surtout par la virulence de «France 98» qui en imposant «son livre bleu du lobbying» souhaite écrire «l’avenir» du foot Français. Quel avenir ? Quel paradoxe ! Les Liza, Thuram, Duga et autre Lebœuf s’en donnent à cœur joie par médias interposés pour lâcher leur fiel sur des acteurs obsolètes. C’est pitoyable et peu constructif ! La FFF, nouvelle version, devra bien analyser et peut être s’inspirer du courage et de la grande honnêteté intellectuelle des dirigeants de la DFB (Deutscher Fußball-Bund) pour espérer revoir, un jour, un public chanter : «…et un, et deux, et trois-zéro» en notre faveur.
Ce mondial 2010 fait aussi tache d’encre ou d’huile sur le plan national. Certains Présidents de club veulent interdire le port des casques hi-fi sur les oreilles ou la tête des joueurs lorsqu’ils descendent du bus ou de l’avion. Certes, ce n’est pas cela qui va rendre le jeu meilleur mais c’est peut être le début d’un «nouvel air». Le comportement des joueurs à l’égard du public, des supporters, sera codé avant que l’on ne pense à améliorer leur mental pour avoir, nous aussi, des équipes qui gagnent des titres.
Au niveau local, Patrick Lelay a été intronisé nouveau Président du Stade Rennais à la place du trop politique Frédéric De Saint Sernin, victime de sa santé. Dans ses premières sorties médiatiques, l’ancien PDG de TF1 a montré une saine impulsion pour « les sociétaires du club ». C’est sa marque de fabrique, sa façon de bousculer le moral des troupes et comme dirait l’autre : «… à nous de savoir gérer la pression !» afin de réveiller, au Stade de la route de Lorient, « l’hymne Rennais » d’Alain Barrière : « … Allez Rennes, entendez l’écho répondre jusqu’au fond du pays Breton ! ».
Jean-Marc Mézenge
* Jean-Marc Mézenge est l’ancien adjoint de Raymond Kéruzoré et consultant sur France bleu Armorique.
Les Allemands ont bien de la chance d’être enfin réunifiés. Nous, en Loire-Atlantique, attendons toujours la réunification de la Bretagne !